Face à l’évolution rapide des conditions climatiques, l’industrie mondiale du café se trouve à un carrefour critique. Alors que la hausse des températures, la modification des régimes de précipitations et l’incidence accrue des ravageurs et des maladies menacent les cultures de café dans le monde entier, le besoin de stratégies d’adaptation est devenu primordial.

Le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC) du Cameroun a reconnu l’urgence de cette question et à travers une conférence scientifique internationale tenue pendant trois jours (6-9 juin), a adopté une approche pragmatique pour atténuer l’impact du changement climatique sur la cultivation du café. En adoptant une réponse phénologique, le CICC vise à observer les signaux de la nature et à agir en conséquence pour préserver l’avenir de la production de café.

Observer les signaux de la nature

L’approche phénologique consiste à surveiller de près le calendrier des événements naturels, tels que la floraison, la fructification et la maturation, et à utiliser ces informations pour guider la prise de décision dans la culture du café. Plutôt que de compter uniquement sur des dates calendaires fixes ou des actions prédéterminées, cette stratégie adaptative permet aux agriculteurs de répondre aux conditions spécifiques de leur environnement local. En prêtant attention aux signaux de la nature, les agriculteurs peuvent faire des choix éclairés concernant la plantation, l’irrigation, la lutte antiparasitaire et le moment de la récolte.

Relever le défi

Selon des études récentes, la production de café devrait diminuer jusqu’à 50 % d’ici 2050 si aucune mesure n’est prise pour atténuer les effets du changement climatique (source : Centre international d’agriculture tropicale). Reconnaissant la gravité de la situation, les régions et les organisations productrices de café du monde entier recherchent activement des solutions innovantes pour s’adapter au changement climatique. L’approche phénologique offre une méthode pratique et efficace pour affronter ce défi de front.

En observant et en analysant les schémas phénologiques locaux, les agriculteurs peuvent :

1. Optimiser les calendriers de plantation : en suivant les périodes de floraison, les agriculteurs peuvent ajuster leurs calendriers de plantation pour qu’ils coïncident avec des conditions météorologiques optimales. Cette stratégie maximise les chances de réussite de l’établissement des cultures et minimise la vulnérabilité aux phénomènes météorologiques extrêmes.

2. Mettre en œuvre des stratégies d’irrigation : Le suivi des régimes pluviométriques et des stades phénologiques permet aux agriculteurs d’adapter les pratiques d’irrigation en conséquence. La pénurie d’eau est une préoccupation croissante dans de nombreuses régions productrices de café, et une gestion efficace de l’irrigation peut aider à préserver les ressources en eau et à maintenir la productivité des cultures.

3. Améliorer la gestion des ravageurs et des maladies : Les épidémies de ravageurs et de maladies sont exacerbées par le changement climatique. En étudiant les indicateurs phénologiques, tels que la décoloration des feuilles et la maturation des fruits, les agriculteurs peuvent anticiper les périodes vulnérables et mettre en œuvre des mesures proactives, telles que la lutte antiparasitaire ciblée et les variétés résistantes aux maladies.

L’adoption de la réponse phénologique par le CICC et ses partenaires est une étape encourageante vers une production de café résiliente au climat. Cependant, une mise en œuvre et un soutien plus large sont cruciaux pour son succès. Les gouvernements, les organisations internationales et les intervenants de l’industrie doivent collaborer pour fournir aux agriculteurs les outils, la formation et l’aide financière nécessaires pour appliquer efficacement cette approche.

En outre, la poursuite des investissements dans la recherche et le développement est vitale. Les progrès des technologies de surveillance phénologique, des modèles prédictifs et des pratiques agricoles intelligentes face au climat donneront davantage aux agriculteurs les moyens de s’adapter aux défis complexes du changement climatique.

En observant les signaux de la nature et en agissant en conséquence, les caféiculteurs peuvent renforcer leur résilience au changement climatique, protéger leurs moyens de subsistance et assurer l’avenir de l’une des boissons les plus appréciées au monde. Le moment est venu d’adopter une approche phénologique, et une action collective est essentielle pour assurer une industrie du café durable et prospère face à un avenir climatique incertain.

Quelques images de la conférence scientifique internationale :